BIEN QUE HONNIE PAR LES AMATEURS DE ROSES, LA CÉTOINE DORÉE EST UN COLÉOPTÈRE AUSSI SPECTACULAIRE QU’UTILE A LA FORMATION DES COMPOSTS.
Dans un parc d’Argentan, où nous photographions des abeilles, sur la dentelle crémeuse d’un arbuste fleuri, apparaît une émeraude ambulante. La bête empoussiérée de pollen dévore étamines et corolles. En observant de plus près, elle n’est pas seule. Sur les grappes de cette floraison blanche, généreuse et ensoleillée, occupant à peine un mètre carré, une bonne demi-douzaine de spécimens sont à l’œuvre. En un vol agile, un autre s’invite au festin. Surprenant, ses ailes se rétractent sous des élytres qui restent fixes.
Un rêve d’émailleur
«La Cétoine dorée, est sûrement l’un des plus joli scarabées de nos régions » nous renseigne un ami randonneur en voyant les photos de ce coléoptère dont la carapace vert-métallisé se moire d’or… à faire rêver les céramistes et les émailleurs. Du coup les recherches deviennent plus aisées. Coïncidence, l’Office du Tourisme d’Argentan présente, en ce mois de juin 2018, une exposition consacrée aux naturalistes normands. Un spécimen y est épinglé dans une vitrine.
Entre avril et juin
Les amateurs de rosiers, qui la détestent, l’appellent le «hanneton des roses». Cetonia aurata, pour les entomologistes, la cétoine dorée, pour le commun francophone des mortels, mesure entre 12 et 25 millimètres de long. Apparaissant entre avril et juin, l’insecte adulte cherche sa provende dans les parcs et jardins ou il raffole des roses, mais aussi des lilas, des troènes, du pyracantha et de quelques autres plantes arbustives. Dans la nature « sauvage », la cétoine dorée affectionne le sureau, l’aubépine et l’églantier avec, semble-t-il, une préférence pour les fleurs en grappes.
Lieux naturels protégés
Quelques jours plus tard, nous avons la chance de rencontrer une belle cétoine dorée sur une grande berce commune, ombellifère poussant près d’un sentier de promenade. Lorsque l’animal se sent repéré, il s’enfouit dans les fleurs pour se camoufler. Hors des jardins et lieux naturels protégés, les remembrements massifs et donc la disparition des haies nourricières et des arbres morts (habitat naturel), sont, avec l’agrochimie (herbicide, pesticides) responsables de sa raréfaction, pour ne pas dire son éradication en bien des endroits. En 2021 nous en avons rencontré un spécimen qui faisait bombance sur une rhubarbe fleurie (photo en fin d’article) dans le jardin médiéval de Lassay-les-Châteaux

Trois ans de métamorphose
À l’instar de toute une petite faune (abeilles mouches moucherons etc…), qui pâture sur les mêmes inflorescences au même moment, elle contribue à la pollinisation. Sa larve se développe dans les bois décomposés les terreaux et les composts qu’elle contribue à élaborer. Les parcs et jardins paysagés lui sont d’autant hospitaliers qu’au pied des arbustes, l’on recouvre, chaque année, le sol de copeaux de bois et qu’aucun traitement phytosanitaire n’y est appliqué. Il faut entre deux et trois ans pour que l’œuf pondu en fin de printemps, après avoir été une larve, se métamorphose enfin en un ou une adulte. La femelle pond ses œufs en juin puis meure. l’adulte mâle ne vit qu’un été, de juin à septembre ou octobre, selon les conditions climatiques.

Facilement identifiable, elle est réputée commune en Europe méridionale et en Europe centrale, et présente en Angleterre et en Scandinavie. Elle n’est cependant pas si fréquente que cela et nécessite d’être très attentif aux floraisons, entre avril et septembre pour pouvoir l’observer. Tout comme les papillons, la cétoine dorée se rencontre surtout pendant les heures les plus ensoleillées.
