
À AUBUSSON (CREUSE), LA PLATEFORME DE LA TOUR DE L’HORLOGE OFFRE SUR LA CITÉ UN PANORAMA INTÉRESSANT. SOUVENT LORSQUE L’ON EST PERCHÉ AU-DESSUS D’UNE VILLE ANCIENNE, CERTAINS BÂTIMENTS VOLUMINEUX, PLUS OU MOINS RÉCENTS ET ANACHRONIQUES, CAPTENT L’ATTENTION. BAPTISÉ « LA PASSERELLE», CELUI QUI « CRÈVE L’ÉCRAN » SUR CETTE PHOTO, ABRITE AUJOURD’HUI LES LOCAUX DE PÔLE EMPLOI, DE « LA MAISON DE L’EMPLOI ET DE LA FORMATION DE L’ARRONDISSEMENT D’AUBUSSON», LA MISSION LOCALE, LE C.I.O, DES SALLES DE CONFÉRENCES.
«Tout est dans tout et réciproquement » disait l’humoriste Pierre Dac. C’est exactement la sensation que nous avons éprouvé en cherchant à connaitre l’histoire de ce grand bâtiment aubussonnais nommé La Passerelle. Cet ancien édifice industriel réaménagé et agrémenté de quelques ajouts architecturaux, est un gros parallélépipède de béton surmonté d’un toit à double pan. Il était, il y a quarante ans le bâtiment principal de l’unité d’Aubusson de la F.R.L.E, filiale de Philips Éclairage et de Thomson, après avoir été la F.A.L.A. (Fabricants Associés de Lampes Aubussonaises) créée, au début de la seconde guerre mondiale, à la demande du gouvernement de Vichy. Celui ci déplaçait ainsi la production d’ampoules électriques de la Lorraine dans la Creuse. Rachetée en 1955 par Philips, L’usine continue un temps de produire des «ampoules électriques» puis ensuite surtout les filaments de tungstène ou de molybdène destinés à ces même lampes. Véritable poumon économique de l’agglomération d’Aubusson et de ses alentours, Philips Éclairages y a employé jusqu’à 570 personnes, soit presque un employé par famille habitant la ville.

DÉGRAISSAGES
Lorsque l’usine annonce sa fermeture définitive, le 9 juin 1987, 297 personnes y œuvrent encore pour éclairer le monde. Le plan de licenciement dure ensuite 18 mois. Même si, comme l’explique une ancienne employée rencontrée sur le marché, « les dégraissages ont été progressifs», cette fermeture définitive a été un coup très rude pour l’économie locale. Ceci d’autant plus que la tapisserie, industrie pluriséculaire dans la région était, elle aussi, en crise dans les années 1980. En 1975 Aubusson totalisait 6227 habitants (chiffre le plus élevé depuis 1931) et la F.R.L.E. représentait alors 40% de l’emploi dans l’agglomération. Du site industriel originel «La Passerelle» est la seule construction restante, tout le reste a été démantelé et les abords, ainsi dégagés, réaménagés.

LA TAPISSERIE D’AUBUSSON
La ville ne comptait plus que 3328 habitant en 2018 (source INSEE). Aujourd’hui, ici l’on aime guère trop parler de cette histoire sociale aussi récente qu’indigeste et l’on mise surtout sur la tapisserie pour donner à la ville «une bonne visibilité». Connue depuis le XVe siècle, la Tapisserie d’Aubusson à été inscrite en 2009 par l’Unesco au patrimoine immatériel de l’humanité.

En 2016 a été inaugurée la Cité Internationale de la Tapisserie et son magnifique musée qui attirent, hors période de crise sanitaire, une assez importante activité touristique (57 000 visiteurs en 2017, source : La Montagne.fr). Mais, faire tapisserie, sera-t-il suffisant pour «relancer» l’emploi dans l’agglomération et amorcer un éventuel repeuplement d’Aubusson? Entre les «emplois de main», l’administratif et le tourisme directement lié, cette activité y emploie actuellement moins de 200 salariés.