NOUS SOMMES EN MARS ET, SI CE N’EST DÉJÀ FAIT, LES PRUNELLIERS VONT BIENTÔT SE COUVRIR DE MILLIERS DE PETITES FLEURS BLANCHES. ANNONÇANT, À L’INSTAR DU RETOUR DES HIRONDELLES LA VÉRITABLE ARRIVÉE DU PRINTEMPS, CET ÉVÈNEMENT ANNUEL EST D’AUTANT UN ENCHANTEMENT POUR LE REGARD QUE LÀ OU IL PROSPÈRE, PRUNUS SPINOSA EST UN ÉLÉMENT ESSENTIEL POUR MAINTENIR LA BIODIVERSITÉ.
Bientôt sur le chemin creux qui mène d’Argentan vers Sévigny (61) les promeneurs passeront sous quelques «ponts» et tunnels de fleurs blanches. Sculptés par le passage des hommes et le vent de la plaine, ces «ouvrages d’art» naturels sont constitués de fort prunelliers.

Ce sont des vestiges des haies bocagères qui longeaient jadis ce parcours sur toute sa longueur et qui ont été en majeure partie détruites par les remembrements, les produits agrochimiques épandus dans les champs voisins ou le manque d’entretien. Les moins versés en botanique affirmeront, comme je l’ai plusieurs fois entendu, qu’il s’agit de l’Aubépine (ou épine blanche), autre essence arbustive fort répandue dans les haies de la région. Celle ci fleurit plus tard alors que ses feuilles sont déjà développées.
UNE ESPÈCE PIONNIÈRE
Cependant, Prunus Spinosa, appelé aussi épine noire, épinette ou prunier sauvage, est bien le premier ligneux sauvage à illuminer chaque année de son immaculée floraison, haies, taillis, broussailles et friches et landes encore dénudées. Rustique jusqu’à moins vingt degrés, cet arbuste épineux de la famille des rosacées peut atteindre jusqu’à six mètres de hauteur (moyenne 3 à 4 m) et s’accommode de terres grasses aussi bien que de landes assez sèches.

Idéal pour former des haies infranchissables, maintenir des talus et former de bons coupe-vents contre l’érosion des sol, il constitue une espèce pionnière efficace pour repeupler des friches ou favoriser à terme la renaissance d’une forêt.
FESTIN POUR LES ABEILLES

Mellifères, les fleurs blanches apparaissent avant les feuilles, entre mars et mai.
En ce 12 mars 2023 alors que j’entame la rédaction de ces lignes, sur ce chemin ou j’aime aller les contempler à chaque début du printemps, les prunelliers, ne sont encore qu’en boutons. Pourtant en observant de près, l’on voit, que le feu d’artifice de la floraison est proche. Durant tout un mois, il faudra surveiller cela pour n’en pas manquer la romantique quintessence. Les abeilles, elles, c’est certain ne bouderont pas cet abondant festin, véritable manne en cette sortie d’hiver où elles n’ont encore pas tant à butiner.
PRÉCIEUSES PRUNELLES
Pilier de la biodiversité sur les terrains les plus variés, le prunellier est d’ailleurs un arbre nourricier et protecteur pour un certain nombre d’animaux. Parmi ceux-ci plus d’une dizaine de papillons nocturne et diurnes.

Cet arbuste épineux, formant parfois des haies ou des massifs inextricables, certains passereaux choisissent d’y édifier les nids où leurs petits seront à l’abri des prédateurs. Enfin, une fois le printemps passé, les fleurs se transforment en de jolies petites drupes de 6 –15 mm de diamètre, bleu prune à la fin de l’été puis violettes à noirâtres à la fin de l’automne. Ce sont les prunelles.
DE QUOI…«BECQUETER»
Appelés aussi «plosses »(ou pelosses ou pialousses) dans certaines régions, ces mini -prunes comestibles s’avèrent assez âpres, même à maturité. Elles ne sont, en principe, consommables qu’après les premières gelées, quand elles commencent à blettir et donc s’adoucissent. Remarque: avec le réchauffement climatique, ces gelées arrivent de plus en plus tard et les prunelles permettent d’élaborer, même avant, des confitures très parfumées. Il suffit pour cela de les mêler avec de la pomme ou de la mure, qui adoucissent et sucrent le mélange (proportions selon les goûts). Un peu trop oubliée aujourd’hui, la prunelle entre aussi depuis plusieurs siècles dans la compositions de boissons alcoolisées, de l’eau de vie titrant 45°(sorte de gin de prunelles) à la liqueur de prunelle (entre 25 et 40° selon les méthodes).

EN LAISSER AUX OISEAUX
Les prunelles peuvent êtres conservées dans la saumure et consommées comme des olives. Elle peuvent être intégrées à du pain, garnir des tartes. Si la floraison n’a pas été perturbée par des évènements climatiques destructeurs (grêle, tornade) les prunelliers sont des arbustes très productifs. Pourvu de porter des gants, de belles récoltes sont à la clé.

Il ne faut prélever qu’à l’aune de ses besoins et laisser le reste pour les oiseaux. Les prunelles restent fort tard sur les arbres en hiver, lorsque nos amis ailés n’ont plus grand chose à…becqueter.
LECTURES ET LIENS
Destiné à faire découvrir, cet article ne prétend en aucun cas à l’exhaustivité concernant le Prunellier. Pour vérifier nos propres observations nous avons consulté de nombreux sites dont nous fournissons quelques liens ci-dessous.
Le magazine Terre Sauvage (Milan Presse): N° 410 Mars 2023 page 91 «Indispensable prunellier» article de Gilles Lelais.
Site de Terre Sauvage: https://www.terre-sauvage.com/
Wikipédia: https://fr.wikipedia.org/wiki/Prunellier
Plantes Sauvages Comestibles: https://plantes-sauvages-comestibles.com/le-prunellier-ou-lepine-noire/
Jardinage Le Monde.fr: https://jardinage.lemonde.fr/dossier-840-prunellier-prunus-spinosa-epine-noire.html
Le site de la Sorbonne: https://www.snv.jussieu.fr/bmedia/arbres/prunellier.htm
L’Abeille Comtoise:http://www.abeillecomtoise.fr/index.php/fleurs-butinees-de-franche-comte/floraisons-du-printemps/16-floraisons/fleurs-d-hiver/15-le-prunellier