DIX-SEPT FLEURS SONT PRÉSENTÉES DANS CE TROISIÈME ARTICLE CONSACRÉ PAR L’ÉTAT DES LIEUX À LA SURPRENANTE DIVERSITÉ DE LA FLORE SAUVAGE DANS LA ZONE INDUSTRIELLE OUEST D’ARGENTAN.
À partir du début mai, certains endroits des Zones industrielles situées à l’ouest d’Argentan, sont un véritable festival de la flore sauvage printanière. Mais pour vraiment en profiter, l’épris de botanique doit se montrer réactif.
L’homo industrialus, s’avère souvent peu enclin à laisser la biodiversité «faire désordre» trop près de ses ateliers. Face à ce foisonnement, pour lui anarchique, il dégaine promptement tondeuses, faucheuses et débroussailleuses, déchiquetant pêle-mêle, le lotier, les orchis, les ophrys, la silène, le coquelicot, le trèfle, et tant d’autres.
Jusqu’en janvier, voir février, l’hiver 2020-2021 s’est montré très doux . Nombre de plantes, qui devaient s’endormir parfois deux mois plus tôt, fleurissaient encore un peu. Les frimas puissants de la fin de l’hiver (mars et début avril) ont, en quelque sorte remises les pendules biologiques à l’heure. Durant donc plus de deux mois, seules fleurissaient sur la zone quelques rustiques pâquerettes et d’ increvables pissenlits. Puis, à partir de la mi-avril, corolles et capitules ont commencé de reparaître, confirmant nos observations précédentes et nous aidant à identifier des plantes fleuries que nous n’avions pas encore repérées en ces lieux.
LE LOTIER CORNICULÉ
Il fleurit ici de mai à septembre mais c’est au début du printemps que l’on en profite le mieux. Comme dans le reste de ville on le trouve un peu partout sur la zone, tout au moins là ou les débroussailleuses et les coupe-bordure ne l’ont pas rasé. C’est heureusement une plante très solide et qui sait se faire petite la où l’on ne souhaite pas qu’elle soit grande.

L’ÉGLANTINE: UNE ROSE SAUVAGE
Le joli nom d’églantine peut désigner plusieurs espèces de roses sauvages très voisines mais présentant quelques différences. Sur la zone industrielle l’espèce la plus présente est celle que l’on baptise le rosier des chiens ou l’églantier des haies. Elle s’invite dans les parterres arbustifs cultivés, le long des grillages entourant les entrepôts et les ateliers, près de la voie de chemin de fer. Partout elle réjouit l’œil en apportant la poésie de ses délicates fleurs pastels.

LE COMPAGNON BLANC
Nulle surprise à le rencontrer partout ici, car le Compagnon blanc se complait dans les milieux herbeux secs et peu enrichis en élément nutritifs. Là où la main de l’homme n’a pas ou pas encore tondu les pieds, on en trouve d’avril à octobre.

VIPÉRINE COMMUNE
C’est la plante à fleurs bleues qui entoure un coquelicot sur la photo d’ouverture de cet article. Elle trouve son habitat sur les friches, les terrains vagues secs, les bords de routes, les tas de cailloux, les remblais. Elle résiste fortement à la sècheresse. C’est donc une espèce parfaite pour re-végétaliser rapidement des zones déshéritées sur ce plan.
LA CHÉLIDOINE (Herbe aux verrues)
Sur la zone il s’en trouve sur à peu près toutes les parcelles, et surtout aux abords des bâtiments (murs, constructions diverses). Les guides (voir chapitre Liens) ne disent ils pas d’elle : «Très commune partout et surtout près des habitations humaines ou dans les boisements perturbés par l’homme, la chélidoine demande des sols caillouteux.» (L’Indispensable guide de l’amoureux des fleurs sauvages- Éditions Belin).

LE COQUELICOT
Comme dans la campagne alentour, entre mai et juin il pousse un peu partout, isolé ou en nombre, dans la zone. Certaines années, un magnifique parterre très dense embellit la très austère entrée du Tri-Postal. En ce printemps 2021, cette flamboyance n’a hélas pas eu lieu. Laissant en lieu et place une triste et ennuyeuse pelouse pelée. La faucheuse lui a trop tôt coupé l’herbe au niveau du pied.

L’AUBÉPINE
Le moins que l’on puisse dire est que les zones industrielles et commerciales de l’ouest d’Argentan ne sont pas très arborées. Ce, ni en arbres ni en arbustes, même si ces derniers notamment de culture y sont plus nombreux. Parmi ceux-ci, (avec l’aide du vent, d’insectes ou d’oiseaux), quelque hasard tant bienfaiteur que malicieux, à inséré plusieurs buissons d’aubépine blanche.

L’OPHRYS ABEILLE
Sur la Zone, cette orchidée sauvage fleurit entre mai et juin. Nous avions repéré les années précédentes des stations ou il s’en rencontre plusieurs pieds au mètre carré. Hors, en ce printemps 2021, les tondeuses sont intervenues beaucoup trop tôt. Et seuls quelques endroits, dits mal entretenus, nous ont permis de photographier cette merveille, en compagnie d’autres orchis (voir suite de l’article).

L’ORCHIS BOUC
Beaucoup plus courant, adaptable et visible que l’ophrys abeille, l’orchis bouc très présent dans la zone commence tout juste à développer sa partie aérienne entre la fin avril et la mi-mai. Si sa situation le préserve des tontons tondeurs, il pourra atteindre un mètre de haut et proposer jusqu’à 80 fleurs.

L’ORCHIS PYRAMIDAL
Nombreux sur la zone entre avril et juin, il pousse le plus souvent sur les mêmes stations que les deux orchidées sauvages précédentes. En raison de ses teintes variant du rose assez vif au pourpre, c’est même lui qui, le plus souvent, sert de balise pour repérer les orchis bouc et les plus confidentiels ophrys.

NAVET du DIABLE (la bryone dioïque)
Sur la zone, cette plante grimpante au petites fleurs vert clair s’accroche, en divers endroits, à des arbustes et des grillages. Des stations qu’elle partage parfois avec la clématite des haies. La bryone dioïque est assez toxique, les fleurs se transformeront en petits fruits rouges sur lesquels les enfants doivent être mis en garde.

LE TRÈFLE DES PRÉS
Pelouses, talus, friches, herbus entre le trottoir et les clôtures, à l’intérieur comme à l’extérieur des parcelles… Le trèffle pousse partout où la terre est assez bonne pour l’accueillir. Censé fleurir en juin, les premières fleurs sont apparues ici cette année avec un bon mois d’avance. Quand à savoir s’il descend de variétés cultivées ou de pieds sauvages, ceci est peine perdue tant il en existe d’hybridations voulues ou non.

LA LUZERNE LUPULINE
Dans la zone on la trouve partout aux abords des bâtiments , sur les trottoirs gercés, les terrains ou d’anciens bâtiments ont été rasés, les remblais. Malgré l’aspect fragile de ses petites boules de fleurs, c’est une plante robuste et rustique. Résistante à la chaleur comme au froid, tout comme son cousin le trèfle, elle sait se faire petite pour s’adapter aux tontes répétées.

LE GÉRANIUM des PYRÉNÉES
Malgré son nom, il n’a rien de spécifique aux célèbres montagnes du sud de la France et du Nord de l’Espagne. Sur la zône, il croit et multiplie partout où la terre lui convient.

LA POTENTILLE RAMPANTE
Elle fleurit sur la zone en temps et en heure, soit à partir du début juin. Elle s’y contente facilement des endroits secs qu’elle partage parfois avec l’Orpin âcre (voir ci-après) et peut y former un couvre sol efficace.

LA VESCE COMMUNE
Lorsque les Atila de service n’ont pas encore sorti les gros sabots de leur chevaux moteur, la vesce commune est assez fréquente sur la zone industrielle. Grimpante, elle déploie ses élégantes tiges et vrilles partout où elle peut s’accrocher.

LE SEDUM ÂCRE (ou Orpin âcre)
« L’Orpin âcre est très commun partout et colonise particulièrement les lieux arides en plein soleil sur des substrats pauvres caillouteux ou sableux.» Nous explique L’Indispensable guide de l’amoureux des fleurs sauvages (Éditions Belin). De fait, cette jolie plante grasse pousse ici en colonies parfois assez étendues sur les trottoirs, près des bordures de ciment et en bien des endroits où l’on imagine pas que quoi que ce soit d’autre puisse pousser.

LIVRES ET LIENS
Les informations contenues dans cet article ne sortent pas de notre chapeau. Afin de compléter nos propres observations nous effectuons des recherches sur de nombreux sites en ligne et recoupons toujours à l’aide de plusieurs ouvrages imprimés.
LIVRES
300 Plantes Comestibles collection Les indispensables Delachaux, édité en 2018 par Delachaux et Niestlé, prix: 14,50 €.
Pratique et bien conçu et illustré, ce guide répertorie les 300 principales plantes sauvages comestibles d’Europe et indique la manière de les consommer et la période pour ce faire.
L’Indispensable Guide des Fleurs Sauvages «Reconnaitre 300 fleurs sauvages sans erreur», édité en 2016 par Belin. Prix 18 €
Pratique, bien documenté, facile à emporter dans une musette ou un sac à dos, ce petit guide porte bien le qualificatif d’indispensable.
Quelle est donc cette fleur? Avec 1200 planches dessinées, cet ouvrage édité chez Fernand Nathan en 1975 (réédité depuis) est une bible. Lorsqu’une plante n’est pas répertoriée dans les deux précédents, elle l’est presque à coup sur dans celui-ci. Ce même si lui aussi oublie parfois des plantes pourtant courantes et répertorie comme rares de plantes qui ne le sont pas.
SUR LE WEB ou le smartphone
Nous consultons pour chaque plante un assez grand nombre de sites. Cependant les trois ci-dessous comptent parmi ce qui se fait de plus sérieux.
Wikipédia: Ce site contributif est de plus en plus précis et difficile à prendre en défaut. Il cite ses sources imprimées ou numériques, ce qui est honnête et précieux.
Jardinage.lemonde.fr: C’est le site jardinage du quotidien Le Monde. À partir du moment où l’on a identifié la plante, la documentation est le plus souvent copieuse et précise à l’image du grand journal qui l’édite.
abiris.snv.jussieu.fr rien de tel pour recouper les informations venues d’autres sites que celui-ci. Il est édité par la prestigieuse université de la Sorbonne et décrit, photos à l’appui, une plante de la fleur à la racine. C’est précis et didactique mais il faut déjà avoir une idée de ce que l’on cherche.
PlantNet: Ce média contributif, sans être infaillible, est tout de même très efficace. Une fois l’application chargée sur le smartphone et activée, il propose de faire une photo (propre) d’une fleur, d’une feuille, d’un fruit, d’une écorce. On peut aussi lui envoyer via un ordinateur et un téléphone une image réalisée avec un autre appareil. Ensuite, il effectue une ou plusieurs propositions à comparer et à valider. Il est rare de ne pas pouvoir identifier ce que l’on a trouvé.