GENÊT, MARGUERITE, AJONC, NÉPÈTE, ORIGAN, GRANDE MAUVE, SÉNEÇONS…POURVU DE SAVOIR OU LES TROUVER, EN CE DOUX AUTOMNE 2020, NOMBRE DE PLANTES SAUVAGES FLEURISSENT ENCORE. LES IMAGES QUI ILLUSTRENT CET ARTICLE ONT TOUTES ÉTÉ RÉALISÉES DANS LES ZONES INDUSTRIELLES OUEST D’ARGENTAN.
Cette fois nous n’«herborisons» pas sur l’un ou les deux sites de nature de la ville d’Argentan (les Pâtures et La Fontaine), mais dans les zones industrielles et commerciales situées à l’ouest de l’agglomération. Prés des lieux même où officiaient, il y a encore quelque décades et voir seulement quelques années des établissements Moulinex, Waeles, Mic, Armcor, tous partis depuis exploiter une main d’œuvre moins chère, sous des cieux plus permissifs en matière de législation du travail, de fiscalité et d’environnement. Usines vides, terrains en friche laissant encore parfois voir la dalle fissurée de bâtiments rasés, abords plus ou moins négligés des entreprises encore en activité… Ici l’air sature parfois d’effluves de polyester à en donner la nausée. Même lorsque cela ne se mélange pas avec le remugle de la station d’épuration, ces lieux sont loin d’être les plus glamours proposés au botaniste par la Normandie.
UNE DIVERSITÉ VÉGÉTALE ÉTONNANTE
Pourtant sur les restes d’anciens locaux, près de tas de gravats ou d’emballages plastiques, déposés parfois à seulement vingt ou trente mètres des grilles de la déchetterie, se concentre une diversité végétale étonnante. Il faudrait battre la campagne durant des jours et des kilomètres pour obtenir la «récolte» effectuée ici en un après midi. Profitant d’emplacements ensoleillés et d’un entretien assez sporadique, voir inexistant par endroit, en ce début novembre 2020, des plantes sauvages continuent là de fleurir. On ne les trouve plus même sur les sites, soit -disant protégés, des Pâtures (Natura 2000) ou de la Fontaine où les bords des chemins de promenade sont beaucoup trop souvent et trop ras tondus. Malgré le temps consacré à fouiner le long des rues de cette zone et dans ses terrains en friche, cet article ne prétend pas à l’exhaustivité. Susceptible d’être augmenté en fonction de nouvelles découvertes et prises de vues, il a surtout pour but d’inciter à la curiosité et de fournir une éventuelle base de recherche et de comparaison.
LE CHARDON aux ÂNES
En longeant un tout récent parterre non encore travaillé et bordant une plate-forme de Moto-école à peine terminée, nous repérons un magnifique spécimen de Chardon aux ânes. Bien «gras» et bien vert, haut d’environ 70 centimètres, il offre à qui sait apprécier une unique capitule ouverte, mais aussi de nombreux boutons prêts à éclore dans les jours à venir.
LA MOLÈNE BOUILLON BLANC
Dans le même secteur que le chardon, foisonnent aussi des pieds de Molène Bouillon blanc (verbascum thapsus). Avec ses feuilles vert pâles et ses tiges couvertes de duvet blanc et terminées par de grandes hampes constituées de plusieurs dizaines de fleurs jaunes c’est une plante que l’on peut difficilement rater.
LA SAPONAIRE OFFICINALE
«On trouve régulièrement une forme à fleurs doubles, vestige d’anciennes cultures comme plantes ornementale» indique le Guide de l’Amoureux des Fleurs Sauvages (Édition Belin). Bingo ! À deux pas du chardon, dans le même parterre, nous avons rencontré cette «forme» de la Saponnaire officinale . Elle est devenue depuis beaucoup plus rose et s’apparente peut être à une variété cultivée baptisée « Rosea Plena» sur les site d’horticulture.
LE SÉNEÇON JACOBÉE
Donné par les guides pour fleurir de juin à novembre, le Séneçon Jacobée (Jacobea Vulgaris) est donc «bien dans les clous». Exercice compliqué pour le photographe, dans la lumière chaude de fin d’après midi, le jaune éclatant de son inflorescence éteint tout le décor environnant. Dans la zone c’est une plante assez fréquente un peu partout, mais à ne pas confondre avec le Séneçon du Cap (voir plus loin dans l’article).
LA GRANDE MAUVE
Malva Sylvestris pour les botanistes, s’est établie en nombre sur le talus séparant la zone de la rocade. Très commune sur les friches, les bords de routes, les talus normands, elle fleurit en principe de juin à octobre et pousse en plein soleil dans les sols assez riches, frais et bien drainé, même calcaires.
LE LAITERON MARAÎCHER
L’aspect épineux de ses feuilles est plus dissuasif que méchant. Plante très commune dans les friches et les cultures, le Laiteron des Maraîchers (Sonchus oleraceus) fleurit en principe de juin à octobre.
LA MARGUERITE
Un peu, beaucoup, passionnément, plus trop…La Marguerite (Leucanthemum vulgare) de la photo a déjà bien vécu. Mais l’État des Lieux.blog n’est pas un catalogue d’horticulteur… Comme les humains, les fleurs vieillissent et, pour un photographe, cela s’observe aussi. Marguerite dérive du mot latin margarita qui désigne les perles fabriquées par certains mollusques telles les huitres. De la Perse en passant par la Grèce et Rome ce mot à fait un long chemin avant de nommer une fleur des champs.
LA TANAISIE COMMUNE
Un vent facétieux aurait-il jadis soufflé tous ses pétales ? Pour ne pas se charger pendant le voyage, la Tanaisie les aurait-elle laissés en Sibérie et dans le Caucase d’où elle est venue, accompagnant les invasions barbares? Dans la zone industrielle d’Argentan, la Tanaisie pousse en nombre mais dans un secteur très restreint. Il s’agit peut être d’un cultivar qui aurait été planté là dans des parterres laissés ensuite à l’abandon.
LA VIPÉRINE (Vipérine vulgaire)
Echium vulgare, pour les intimes, fleurit en principe de mai à octobre. Dans cette zone la Vipérine est plutôt localisée dans le secteur du château d’eau et derrière l’ancienne usine Moulinex. Elle y voisine avec une forte population d’origan commun. Si elle y fleurit encore un peu en ce début Novembre 2020, sa « belle période (plantes hautes et très fleuries) est au printemps avant les premiers fauchages.
LE SÉNEÇON DU CAP
Sur la zone on le trouve hélas un peu partout, en touffes plus ou moins hautes et denses. C’est une plante invasive et pugnace qui aime les friches et les jachères. Fleurissant de juin à décembre le Séneçon du Cap s’accommode de tous les sols mais préfère les sol acides et pas trop argileux.
LA KNAUTIE DES CHAMPS
À cette saison, la Knautie se fait rare partout, mais nous en avons encore trouvé en cette fin novembre sur un talus de la zone d’activité commerciale de La Gravelle . La floraison de la Knautie des champs court en principe de juin à septembre. Parmi les plantes sauvages de nos régions bien peu se rangent à la lettre K du répertoire des noms de plantes. Dans certains guides, on ne la trouve d’ailleurs que sous son autre appellation de Scabieuse des champs.
L’ORIGAN COMMUN
Dans cette zone industrielle, l’Origan commun s’est répandu dans les parterres et les friches de nombreuses rues, s’il peut atteindre jusqu’à un mètre de hauteur, dans ces lieux assez régulièrement fauchés, il culmine en général aux alentours de trente centimètres. Le remuer lui fait dégager un arôme puissant qui met en appétit.
L’AJONC D’EUROPE
Tout comme le Genêt, avec lequel il voisine dans cette parcelle, il est assez probable que cet arbuste ne pousse pas ici par hasard . Emblème officiel de la Bretagne, L’Ajonc d’Europe (ulex europaeus) fait partie de la même famille ( les fabaceae) que le Genêt. Mais la confusion n’est guère possible… L’Ajonc, ça pique ! Facile à faire pousser, c’est donc un arbuste très pratique pour créer des haies serrées très défensives.
NÉPÈTE DE MUSSIN
Bien que nous l’ayons photographiée parmi les fleurs sauvages, celle ci n’en est pas une dans nos régions. Originaire du Caucase, elle est surtout utilisée comme plante décorative pour sa capacité à couvrir assez vite de bonnes surfaces. Celle-ci est peut-être un vestige d’une époque où l’endroit a été paysagé. Divers parterres entretenus de la ville d’Argentan en comportent des massifs.
LE GENÊT À BALAIS
Rien d’étonnant à trouver ici des Genêts (cytizus scoparius), ce sont des arbustes à croissance rapide que l’on plante pour régénérer les sols des friches industrielles ou couvrir rapidement des espaces dénudés. Les guides donnent sa floraison entre la fin mai et le début juillet. Effet du dérèglement climatique peut être, ceux que nous avons rencontrés proposaient encore quelques rares fleurs en ce début novembre.
LIENS
Les informations concernant les plantes ne sortent pas de notre chapeau ! Pour les obtenir et les vérifier nous consultons systématiquement divers liens et ouvrages dont Wikipédia. Si notre article a attisé votre curiosité et vous incite à approfondir la connaissance de chacune des plantes présentées nous vous invitons à les consulter.
Livres
L’indispensable guide de l’amoureux des fleurs sauvages. (Éditions Belin 2016) Assez pratique à utiliser grâce au classement par la couleur, ce livre décrit quelque 300 fleurs présentes sur le sol Français. Le volume contenu et la couverture plastifiée facilitent l’emport et l’utilisation sur le terrain.
Quelle est donc cette fleur ? (Éditions Fernand Nathan 1975)
Cette édition française d’un ouvrage allemand publié en 1973, répertorie les fleurs en classements croisés selon leur couleur et leur habitat. L’illustration (1200 planches couleur) est uniquement dessinée. Revu et actualisé, ce guide est toujours disponible en librairie.
Liens numériques
https://plantnet.org Ce site participatif s’utilise en application, soit sur le téléphone mobile, soit sur un ordinateur. On envoie une photo de bonne qualité (nette et en gros plan) d’une fleur, d’une feuille ou d’un fruit et le site en retour identifie la fleur par comparaison avec des photos d’autres contributeurs. Il effectue, au besoin, plusieurs propositions. Sans être infaillible, l’application s’avère assez fiable pour l’identification sur le terrain à l’aide d’un mobile offrant une bonne qualité d’image. Plantnet permet de trouver le nom de la plante, mais ne fournit pas d’autre information. Recouper et documenter avec d’autres sources reste indispensable.
Nature et jardin.fr
Un site documenté, érudit, bien écrit dont le contenu est accessible aux néophytes.
Jardinage.lemonde.fr
Nous consultons régulièrement ce site édité par le quotidien Le Monde. À l’image du journal, c’est sérieux et bien fait.
Tela-Botanica.org
Ce site participatif aide à identifier les plantes et fournit des informations intéressantes sur la botanique et la protection de l’environnement.