Indomptable renouée

Introduite en France pour ses qualités fourragères et esthétiques, cette plante très invasive, nuisible hors de son écosystème originel s’est répandue sur tout le territoire français. Exemple type de l’inconséquence humaine et de l’ignorance générale en matière d’écologie, elle est un fléau pour les écosystèmes et un cauchemar pour ceux qui veulent l’éliminer.

Bords de rivières, talus d’autoroute ou de voies ferrées, prairies abandonnées, clairières… Quiconque voyage et observe n’a pas manqué de remarquer un peu partout les incroyables massifs de cette envahisseuse exotique. Ne serait son caractère invasif et la difficulté de la cantonner à un lieux restreint, c’est d’ailleurs une plante assez décorative et intéressante par ses propriétés nutritives. C’est cela qui a conduit des irréfléchis plus férus d’économie que d’écologie à l’importer d’Extrême-Orient (Corée, Japon, Sibérie, îles Kouriles, Chine) à partir de 1820 (Hollande) 1840 (Bavière) et en France durant la première guerre mondiale (armée britannique) pour ses qualités fourragères et sa grande productivité.

Empoisonneuse d’existence

La Renouée «du Japon» (Polygonum cuspidatum), est une plante sauvage, dotée d’une belle vitalité. Ses grandes feuilles (environ 15 cm de longueur) lui confèrent une efficacité photosynthétique importante. En deux à trois mois les tiges peuvent atteindre une hauteur de quatre mètres. En Europe, elle se reproduit surtout grâce à ses rhizomes agressifs. Elle fournit des massifs très serrés qui occultent la lumière et empêchent la photosynthèse des plantes endémiques. Au besoin elle peut aussi empoisonner celles ci en émettant dans le sol une substance toxique pour elles. Comme en plus elle n’a dans nos régions, aucun prédateur local susceptible de limiter son expansion. La rapidité de sa propagation est telle qu’une petite implantation peut donner, en un ou deux ans, des massifs de plusieurs dizaines de mètres carrés. Là ou la renouée du Japon se développe, le reste peine à pousser.

Pas mauvaise… Chez elle

Là où elle est endémique, la renouée du Japon est limitée par ses prédateurs, dont l’homme. Celui-ci parfois même la cultive pour ses propriétés culinaires, fourragères ( feuillage, tiges) comme pour ses qualités nutritives et médicinale (rhizome, tige). Qui plus est, son élégante floraison blanche et abondante est mellifère et participe ainsi à la protection des abeilles et autres pollinisateurs.

S’en débarrasser : un travail de Sisyphe

Si l’on ne veut pas avoir recours à une chimie (désherbant) destructrice aussi pour tout le reste de l’environnement, l’unique moyen efficace de se débarrasser de ce fléau est d’extraire tous les rhizomes, de les sécher hors sol et de les incinérer. Un travail de Sisyphe, à la limite de l’impossible, car un m² de sol envahi, peut contenir plus de 100 mètres de rhizomes (environ 25 kg), lesquels peuvent s’enterrer jusqu’à trois mètres de profondeur. En cas de forte invasion cela demande aux autorités territoriales des moyens et une main d’œuvre qu’elles n’ont pas toujours à disposition. Qui plus est, même effectué avec le plus grand soin, ce travail ne garanti pas l’éradication définitive. Le moindre fragment de rhizome vivant ou même de tige oublié permet la repousse au même endroit d’un nouveau foyer d’invasion. C’est pourquoi les déchets de renouée ne peuvent pas être compostés.

Limiter les dégats

La renouée ayant besoin d’une forte photo synthèse (d’où la dimension de ses feuilles), la fauche régulière constitue une possibilité de limiter son développement. Mais, là encore, sans même compter l’élimination des déchets et le nettoyage indispensable de l’outillage de coupe et de transport, le coût en matériel et main d’œuvre est important pour les communautés territoriales.

Des chèvres et de l’ensilage

Depuis 2016, selon le quotidien Ouest France, à Pleine-Fougères, les services du Conseil départemental d’Ile et Vilaine, expérimentent l’éco-pâturage.  Une douzaine de chèvres se régalent d’une parcelle infestée de 1800 m2. Une expérience similaire, est aussi, selon le journal La Montagne, menée en Auvergne. La municipalité de Buc dans les Yvelines (78) en utilise aussi pour le parc de son château. Des essais d’éco-pâturage sont également réalisés en Lorraine, près de Pont-à-Mousson, ou des étudiants travaillent en parallèle sur la possibilité de méthanisation après ensilage des fauchages de la renouée. Serions nous en voie de… renouer avec l’intelligence? Affaire à suivre.

 

 

 

 

Publié par

Pascal Girardin

Journaliste (rédacteur, reporter, photographe, secrétaire de rédaction) depuis 1995 (formation à l'EMI CFD), je suis entré dans cette profession grâce à trois passions directrices: la photographie, la littérature (histoire, philosophie,sociologie,poésie,roman) et le motocyclisme. Durant toute ma carrière de journaliste, effectuée au service des lecteurs du mensuel Moto Magazine (motomag.com), j'ai traité toutes sortes de sujets, du compte rendu de manifestations motocyclistes au reportage sportif, en passant par la défense des droits des motards et le rappel de leurs devoirs, des affaires juridiques et judiciaires, l'histoire de la moto, le tourisme et les tests de machines et de matériel. Et l'environnement alors? Et bien de la pollution liée à l'ensemble de l'activité motocycliste aussi, bien que de ce côté, la presse spécialisée moto fasse un travail d'information très insuffisant et manquant de d'objectivité. Quel photographe serait celui qui serait insensible à la beauté de la nature sous toutes ses formes? Quel randonneur motocycliste ou pédestre serait celui que ne choque pas la destruction ou la pollution des sites? la désertification des campagnes? Le déclin des centres villes ? Quel journaliste serait celui qui n'est pas avant tout citoyen?

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