EN AUTOMNE, LA VIORNE OBIER ENCHANTE LES HAIES

NOUS SOMMES EN NOVEMBRE. APRÈS LES FUGACES ORS DE L’AUTOMNE «BOIS ET GUÉRETS» SE DÉVÊTISSENT PEU À PEU «DE LEURS ATTRAITS», MAIS, DANS LES HAIES, DES GRAPPES DE GRENATS SCINTILLENT ENCORE, ALLUMÉES PAR LES CHAUDES LUMIÈRES DE SAISON. CE SONT LES BAIES DE LA VIORNE OBIER.
À Argentan (Orne), sur le site des Pâtures, mais aussi celui de La Fontaine, au bord de l’Orne et de ses ruisseaux affluents, les fruits de la Viorne Obier le disputent à ceux du Fusain ( https://letatdeslieux.blog/?s=Fusain ), et enchantent le regard de leur couleurs chatoyantes. Dans le vent froid et la lumière chaude des après midi d’automne, ces baies, incarnat à grenat (selon l’éclairage et la maturité) semblent danser au rythme joyeux d’une vieille chanson russe.

Popularisée en France après la seconde guerre mondiale par Les Chœurs de l’Armée Rouge : «Kalinka» signifie littéralement « Petite Baie d’Obier». Dans la tradition slave où, malgré tous ses efforts, le christianisme n’a pu tout gommer des anciennes religions, les baies d’obier constituaient des offrandes traditionnelles à des divinités en charge de l’amour et de la fertilité.
PRAIRIES HUMIDES
La Viorne Obier alias Viburnum opulus est un arbuste à feuilles caduques et «palmées», appartenant à la famille des Adoxacées, tels par exemple les sureaux. Se présentant le plus souvent en buisson, l’arbuste atteint jusqu’à 4 m de hauteur et affectionne les sols humides, les forêts bordant les rivières et les marais, jusqu’à 1600 mètres d’altitude.

Il se trouve aussi bien en Amérique du nord (USA- Canada) qu’en Europe et sur une vaste partie de l’Asie. Le guide «Quelle est cette fleur» (Fernand Nathan -1975) le donne pour «assez rare». Sur les Pâtures d’Argentan (61), zone de prairies humides classée Natura 2000 et régulièrement inondée, il est présent en nombre et surtout sur la partie ouest de l’endroit.
JEUX DE DRUPES
« Dis papy, ça se mange ça ?» demande un enfant en cours de randonnée. Là, après un blanc de réflexion, le grand–père répond sans véritable certitude «surtout pas, c’est du poison !». S’il est certain qu’avec les enfants deux précautions valent mieux qu’une, pour les adultes, ce n’est pas aussi simple. Sous certaines conditions les baies ou drupes de la viorne obier sont consommées depuis des millénaires. Elle forment en été d’élégantes et nombreuses grappes pendantes vertes comportant une quinzaine d’unités de six à huit millimètres de diamètre.

À cette saison, le fruit est non comestible et peu même s’avérer légèrement toxique. À partir du milieu de l’été elles commencent à rougir pour atteindre très vite un bel incarnat virant au grenat au début de l’automne.

Au fur et à mesure, les drupes brillantes et arrondies de Viburnum Opulus perdent leur toxicité pour devenir consommables vers octobre ou novembre lorsque leur enveloppe commence à se flétrir. Ces fruits se cuisinent alors cuits (gelées ou coulis) et font partie de la cuisine turque traditionnelle. Aussi bien l’écorce, le bois et les feuilles que les fruits de l’Obier sont reconnus pour leurs vertus pharmaceutiques.

FLEURS PÉRIPHÉRIQUES
Lorsque l’on découvre pour la première fois, entre mai et juin, les gracieuses inflorescences blanches de la Viorne Obier, leur architecture surprend. Les fleurs sont réunies en bouquets plats ou sphériques de trois à huit centimètres de diamètre. Le centre se compose de petites fleurs blanc-jaune, hermaphrodites. Il est ceint par des fleurons blancs beaucoup plus épanouis.

Seule les petites fleurs centrales sont fécondables. Stériles, les grandes fleurs périphériques sont autant d’appétissants signaux optiques pour attirer les pollinisateurs car les inflorescences de l’obier sont quasi-inodores. Elles n’en sont pas moins mellifères et très appréciées des abeilles.
BUISSON ARDENT
L’obier s’arrondit facilement en buisson et ses assez grandes feuilles simples trilobées atteignent cinq à onze centimètres de longueur. Si le feuillage est plutôt discret en été, en automne la teinte passe progressivement du vert à un rouge lie de vin du plus bel effet.

Il tombe alors très vite ne laissant plus sur l’arbre que les grappes de baies. À quelques espèces près, celles-ci sont peu appréciées des oiseaux et se dessèchent souvent sur l’arbre presque jusqu’à la feuillaison, voir la floraison suivante, quand reviendra le printemps.
LIVRES ET LIENS
Les informations contenues dans cet article ne sortent pas de notre chapeau. Afin de compléter nos propres observations nous effectuons des recherches sur de nombreux sites en ligne et recoupons toujours à l’aide de plusieurs ouvrages imprimés.
LIVRES
Quelle est donc cette fleur? Avec 1200 planches dessinées, cet ouvrage édité chez Fernand Nathan en 1975 (réédité depuis) est une bible. Lorsqu’une plante n’est pas répertoriée dans les deux précédents, elle l’est presque à coup sur dans celui-ci. Ce même si lui aussi oublie parfois des plantes pourtant courantes ou répertorie comme rares des plantes qui ne le sont pas forcément dans toutes les régions.
300 Plantes Comestibles collection Les indispensables Delachaux, édité en 2018 par Delachaux et Niestlé, prix: 14,50 €.Pratique et bien conçu et illustré, ce guide répertorie les 300 principales plantes sauvages comestibles d’Europe et indique la manière de les consommer et la période pour ce faire.
L’Indispensable Guide des Fleurs Sauvages«Reconnaitre 300 fleurs sauvages sans erreur», édité en 2016 par Belin. Prix 18 € Pratique, bien documenté, facile à emporter dans une musette ou un sac à dos, ce petit guide mérite bien le qualificatif «indispensable».
SUR LE WEB ou le smartphone
Nous consultons pour chaque plante un assez grand nombre de sites.
Wikipédia: Ce site contributif est de plus en plus précis et difficile à prendre en défaut. Il cite ses sources imprimées ou numériques, ce qui est honnête et précieux.
Jardinage.lemonde.fr: C’est le site jardinage du quotidien Le Monde. À partir du moment où l’on a identifié la plante, la documentation est le plus souvent copieuse et précise à l’image du grand journal qui l’édite.
abiris.snv.jussieu.fr rien de tel pour recouper les informations venues d’autres sites que celui-ci. Il est édité par la prestigieuse université de la Sorbonne et décrit, photos à l’appui, une plante de la fleur à la racine. C’est précis et didactique mais il faut déjà avoir une idée de ce que l’on cherche.
PlantNet: Ce média contributif, sans être infaillible, est tout de même très efficace. Une fois l’application chargée sur le smartphone, il propose de photographier une fleur, une feuille, un fruit,une écorce. On peut aussi lui envoyer via un ordinateur et un téléphone une image réalisée avec un autre appareil. Une ou plusieurs propositions à comparer et à valider sont ensuite effectuées. Il est rare de ne pas pouvoir identifier ce que l’on a trouvé.
Toxiplante.fr répertorie les plantes toxiques, indique leur degré de toxicité, les éléments toxiques, et les symptômes et troubles engendrés. Très clair mais assez succin.
Portail de l’environnement de Wallonie ou http://environnement.wallonie.be/semaine-arbre/docs/2017-viorne.pdf. Un article très documenté.
Kalinka par les Chœurs de l’Armée rouge https://www.youtube.com/watch?v=9n22Uy-qFPw Emphase garantie !