Tiens, un «marché gratuit»… Muni de quelques livres à donner, l’État des Lieux s’est rendu, en octobre dernier, à une «Gratiferia», organisée par l’association «Bio sur Orne» d’Argentan.
« Un marché où tout est gratuit» annonçait le Journal de l’Orne sur ses panneaux de rue. Cette manie qu’on les éditeurs d’employer des formules aussi racoleuses que réductrices… Allons bon ! Le vrai –et le principal– est que le néologisme espagnol «gratiferia » tire son nom de la gratuité. Le faux est qu’il s’agisse d’un «marché» ou même d’une «foire», comme on peut encore le lire souvent sur la toile, dans la presse et sur les annonces même de certaines organisations.
«Feria» signifie fête en Espagnol. Une gratiferia est donc une «Fête de la gratuité». À Saint-Leu, sur l’île de la Réunion, cela s’appelle d’ailleurs «La Fête du don». Elle comporte une « Agora citoyenne» et, à l’image de certaines gratiferias latino-américaines, une scène ouverte pour les musiciens.

ÉCONOMIE DE « MARCHÉ »
Ici, l’on «dépose ce que l’on veut, l’on prend ce que l’on veut même si l’on a rien apporté», indique l’affiche de l’association Bio-Orne. Tout étant gratuit, il n’existe pas, à l’encontre de partout ailleurs, d’échelle de valeur monétaire des objets. Un poste de radio ou un livre ont autant de valeur que quelques graines de roses trémières ou une branche de romarin, une lampe de phare pour automobile, une chemise ou un disque, si peu courant soit-il.
Tout doit bien sur être en bon état, car il ne s’agit surtout pas d’une déchetterie. En parlant des gratiferias, on fera donc l’économie du mot «marché». On laissera aussi la notion fourre-tout de «pouvoir d’achat», tant revendiquée ces temps derniers, puisque ici on a pas besoin d’acheter, tout étant à donner.

ÉCHANGER AUTOUR D’AUTRES VALEURS
« Une journée dédiée à la générosité», n’hésite pas à titrer le quotidien régional «La Provence» en parlant de celle de La Penne-sur-Huveaune (13). Créées en 2010 à Buenos Aires par un jeune Argentin, les gratiferias n’ont pas pour seul but le débarras de ce qui nous est inutile, ou devenu tel. Elles ont aussi pour philosophie de faire se rencontrer et échanger les participants autour de la convivialité, la solidarité, le partage, et la lutte contre la sur-production et le gaspillage.
Paris, Vire, Caen, Aix , Capbreton…Depuis plusieurs années, à l’initiative d’associations les plus diverses, liées à l’économie alternative, à l’animation de quartier ou à l’écologie, ces évènements se multiplient dans tous les pays et dans tous les départements français. D’aucuns économistes et militants alternatifs n’hésitent pas à voir là « un changement progressif » du rapport des personnes à la consommation.

Remerciements
Nous remercions l’association Bio sur Orne pour son accueil et les excellents gâteaux maison, gratuits bien sur pour tous les participants et visiteurs. http://biosurorne.org/spip.php
Liens
https://www.clarin.com/home/gratiferias-todo_gratis_0_r15Dc8EnD7g.html
https://blogs.mediapart.fr/bob-92-zinn/blog/120612/les-gratiferias-les-marches-ou-tout-est-gratuit
https://actu.fr/normandie/vire-normandie_14762/gratiferia-vire-ne-jetez-plus-donnez_16017075.html
https://www.sudouest.fr/2018/04/10/premiere-gratiferia-et-fete-des-bouquets
https://www.sudouest.fr/2017/12/02/demain-place-a-la-gratiferia-3998809-3327.php
https://gratiferiajura.wordpress.com/quest-ce-quune-gratiferia/
https://www.clarin.com/home/gratiferias-todo_gratis_0_r15Dc8EnD7g.html